Devenu un média référence chez les jeunes depuis plusieurs années, la plateforme de vidéos en direct Twitch n’échappe pas aux problèmes sociétaux. La place des femmes y représente encore un sujet sensible.
Si certaines statistiques peuvent laisser entendre que Twitch a remplacé la télévision aux yeux du jeune public (26 millions d’utilisateurs s’y sont rendus quotidiennement selon TwitchTracker), les polémiques sur les deux écrans restent globalement similaires. Entre propos déplacés, insultes et agressions, la petite lucarne n’a pas toujours été un média exemplaire. Des attaques qui prennent une autre forme mais demeurent tout aussi réelles en ligne.
Que cela soit par le biais de parties en multijoueur ou via les commentaires du direct, de nombreux propos sexistes, injurieux et violents peuvent être lus et entendus. De plus en plus de streameuses ont donc décidé d’exposer le comportement toxique que pouvaient avoir certains hommes avec elles, que ce soit en les ridiculisant ou en diffusant leur comportement sur les réseaux sociaux, comme l’a rapporté L’ADN Tendances le 6 juillet 2020.
Le risque de l’inconnu
Se lancer dans le streaming peut être nettement plus compliqué pour les femmes. L’environnement étant perçu comme plus masculin, il est plus difficile pour elles de se faire une place et de trouver leur public. Si elles parviennent à obtenir une certaine visibilité, elles encourent alors le risque d’être victimes d’agressions sexistes. Streameuse depuis cinq ans, KC Nemari remarque quand même une légère amélioration par rapport aux moyens pour lutter contre ces actes. « Désormais, le ban est possible », relève-t-elle. Un utilisateur qui passerait par le chat pour insulter peut ainsi se faire bloquer par le streamer ou la streameuse.
Nemari s’estime chanceuse, elle n’a quasiment jamais eu à subir de comportements toxiques au cours de ses streams. « Il y en avait peut-être à mes débuts sur la plateforme, mais j’étais plus jeune et il y avait un peu de niaiserie alors on avait tendance à l’accepter plus facilement ». Elle a malgré tout été victime d’attaques de trolls, qui venaient envahir ses streams et faire sauter sa connexion Internet via des attaques DoS. Des actes face auxquels elle a résisté et qui ont disparu avec le temps. Ils auront malgré tout contraint l’une de ses amies à supprimer sa chaîne et repartir de zéro. Pour mettre fin à ces pratiques, Nemari a une proposition : « Il faut éviter l’anonymat, que les personnes soient responsables de leurs propos. Pour l’instant, il n’y aucune peur des sanctions ».
Trouver la bonne communauté
Une impunité contre laquelle se soulèvent de nombreuses streameuses. Désormais, la cause féministe a pris une place plus importante sur la plateforme. La parole se libère et elles sont de plus en plus nombreuses à partager les expériences négatives qu’elles ont pu rencontrer sur Twitch. Une communauté de streameuses, Stream’Her, a aussi été lancée dans le but de leur offrir plus de visibilité et de partager leur vécu. Sur et en dehors des écrans, l’importance du féminisme continue de prendre de l’ampleur.