Demoiselles d’Horreur est une chaîne Youtube cinéma qui met en avant des personnages féminins dans les films horrifiques. Judith, créatrice de cette chaîne, a acceptée de répondre à nos questions afin de nous parler de son activité et de sa passion pour les films d’horreur.
Bonjour Judith, premièrement est-ce que tu peux te présenter et nous parler un peu de ton parcours ?
Judith : Bonjour, alors je m’appelle Judith, je tiens cette chaîne Youtube qui s’appelle Demoiselles d’Horreur consacrée aux personnages féminins dans les films d’horreurs. Avant ça j’ai fait des études littéraires puis une licence d’anglais et enfin j’ai intégré une école de cinéma où j’étais spécialisée en réalisation.
Comment t’es venu cette passion pour les films horrifiques ?
Judith : Je pense que c’est un mélange de plusieurs éléments. Petite, j’ai découvert les films de Tim Burton qui m’ont rapidement séduite. L’ambiance gothique de ses films et leur esthétisme m’ont beaucoup parlé. En parallèle j’ai développé un amour du roman gothique et du romantisme noir. C’est aussi le genre de livre que lit ma mère donc c’était plutôt facile d’accès chez moi. Enfin j’ai toujours aimé avoir peur et faire peur aux gens, quand j’étais petite mon frère aimait me faire peur et j’aimais faire peur à ma petite sœur. Je suis très adepte de sensations fortes et c’est le ressenti que je veux avoir en regardant du cinéma.
Comment est-ce que tu choisis le thème de ta prochaine vidéo ? Est-ce que tu as déjà une liste d’idées ou est-ce que tu fais au feeling ?
Judith : Je fais un peu des deux, il y a des films dont j’ai envie de parler et je sais que je serais obligé d’en parler à un moment ou un autre mais pour lesquels je n’ai pas encore développé un axe ou une problématique originale. J’attends que les idées me viennent, par exemple ma dernière vidéo était sur Twixt. Il y a aussi des films que je n’avais pas forcément en tête en premier lieu et puis lorsque je les visionne, j’ai beaucoup d’idées qui me viennent, donc je fais une vidéo.
Quel est le dernier film d’horreur que tu as vu ?
Judith : C’était Conjuring 3, j’ai passé un bon moment. Je ne suis pas trop difficile à partir du moment où il y a des éléments fantastiques qui rendent le film divertissant. Néanmoins, je suis déçue parce que le film ne fait pas vraiment peur et c’est dommage. J’ai trouvé les deux premiers Conjuring très effrayants. Là, il y a trop de scènes un peu guimauve et un gros forcing sur les flashbacks. Je trouve déjà ça pas terrible au cinéma, mais là en plus c’est mal utilisé. Quelqu’un comme moi qui cherche à passer un bon moment sera comblé. Mais quelqu’un qui cherche à avoir peur, ce que l’on attend lorsque l’on va voir un Conjuring, sera forcément déçu.
Est-ce que selon toi l’horreur est le genre cinématographique le plus difficile à adapter ?
Judith : Je ne pense pas que ce soit le plus difficile mais il est très exigeant. Il dépend de ce que l’on cherche à en faire. Si le but est uniquement de faire peur, oui ,c’est difficile et je ne parle pas uniquement de jumpscares qui vont déclencher une réaction, un réflexe chez le spectateur. Pour faire peur, il faut chercher un large public car tout le monde n’a pas la même sensibilité face à l’horreur. Il faut aussi jouer avec le cadre, avec le hors-champ ou les éléments que tu veux faire apparaître. Je pense que c’est le genre le plus passionnant à mettre en scène. Pour créer l’angoisse ou une atmosphère qui va repousser les limites de ce que l’on a l’habitude de voir dans le cinéma mainstream, ça nécessite effectivement d’utiliser tous les outils cinématographiques.
Le cinéma d’horreur est-il le genre qui met le plus en avant de personnages féminins très variés ?
Judith : Oui, c’est d’ailleurs pour ça que je trouve le sujet de ma chaîne pertinent. L’horreur permet de mettre en avant des types de personnages féminins que l’on ne voit pas forcément dans le cinéma mainstream (drame, action, comédie classique). Dans le cinéma d’horreur il y a déjà cette particularité de pouvoir mettre en avant des femmes « laides », par exemple des sorcières ou bien des situations qui vont mener un personnage à s’enlaidir (se traîner dans la boue, blessures) et casser pas mal de codes. On peut aussi représenter des femmes qui ont des désirs de violence, qui cherchent de l’indépendance. Le cinéma d’horreur va chercher dans les oppressions que les femmes vivent au quotidien pour créer des situations horrifiques. J’ai plusieurs films qui représentent cela qui me viennent en tête comme Carrie, A girl walks home alone at night… C’est un terrain cinématographique où les femmes peuvent ruer dans les brancards des schémas sociaux que l’on connaît dans la vie.
Parmi toutes les héroïnes du cinéma d’horreur, si tu pouvais jouer le rôle de l’une d’entre elles, ce serait qui ?
Judith : J’adore Sidney Prescott dans Scream, mais ce n’est pas assez mon style. Je dirais plutôt dans Dracula, le rôle de Mina Harker. Déjà parce-que Winona Ryder est mon idole et aussi parce que j’aime ce film au-delà de toute limite. Ce rôle, à première vue, n’est pas tout à fait fascinant lorsque l’on lit le scénario. D’ailleurs Winona Ryder n’aime pas vraiment ce rôle et c’est elle qui va lui apporter des tas de choses pour l’améliorer à l’écran. C’est un personnage qu’elle rend très beau et qui traite d’amour éternel exprimé par de la violence fantastique à travers le vampirisme. C’est un univers que j’adore donc je choisirai ce personnage.
Quelle histoire horrifique aimerais-tu voir adaptée à l’écran ?
Judith : Oui, il s’agit de La Chute de la maison Usher d’Edgar Allan Poe. Elle a déjà connu d’anciennes adaptations à l’écran mais jamais comme j’aimerai la voir. C’est une nouvelle que j’ai l’ai lu en étant adolescente et elle m’a terrifiée, je tremblais en tournant les pages. Je trouve cette histoire géniale et Allan Poe est l’un de mes écrivains coup de cœur. Mon rêve le plus fou serait de pouvoir adapter moi-même cette histoire au cinéma. Pour vous expliquer un peu le synopsis, le narrateur est ami avec un certain Roderick Usher. Un matin ce dernier lui envoie une lettre car sa sœur jumelle est mourante. Il l’invite à le rejoindre dans son manoir. Sans vouloir en dévoiler énormément sur l’histoire, il y a des choses très intéressantes dans la mécanique horrifique. Il y a une scène où le narrateur lit une histoire à Roderick Usher. Dans l’histoire qu’il raconte il y a des bruits qui font peur et au même moment les deux personnages entendent ces mêmes bruits se produire dans le manoir. Au fur et à mesure que le narrateur lui décrit les bruits dans l’histoire, ceux-ci s’intensifient et se rapprochent d’eux petit à petit. Ce passage horrifique est pour moi l’un des plus réussi et les plus effrayants de la littérature d’horreur.
Dernière question, tu veux devenir réalisatrice de cinéma, actuellement dans le cinéma d’horreur Français, quelles sont tes sources d’inspiration ?
Judith : Pour moi le summum du cinéma de genre en France c’est Julia Ducournau. Pour l’instant elle n’est connue que pour son film Grave et son court-métrage Junior. Son style cinématographique m’est très inspirant. Elle sort bientôt son prochain film, Titane, qui est actuellement au Festival de Cannes. Après j’ai aussi été marquée par des vieux films comme Les Diaboliques d’Henri Georges Clouzot. C’est le film français de genre qui m’a le plus marqué.
Merci beaucoup Judith pour ta disponibilité !
Pour voir les vidéos de la chaîne Demoiselles d’Horreur, c’est par ici → https://www.youtube.com/c/DemoisellesdHorreur/featured