Racisme anti-asiatique : le tabou persiste en France
Racisme anti-asiatique : le tabou persiste en France

Racisme anti-asiatique : le tabou persiste en France

S’il existe depuis longtemps, le racisme anti-asiatique s’est réveillé avec la pandémie de Covid-19. Au coeur du débat public, les associations et les pouvoirs publics tentent de lutter contre ces stigmatisations, malgré le manque de chiffres. 

C’est un phénomène souvent méconnu, mal identifié mais bien réel. Le racisme anti-asiatique continue d’être un tabou en France. Avec la pandémie, certains titres de journaux ou les réseaux sociaux ont participé de possibles stigmatisations. En Janvier 2020, Le Courrier Picard titre en Une « Alerte Jaune » et publie un article intitulé « Nouveau péril jaune ». Une allusion à une insulte raciste du 19e siècle. L’association des Jeunes Chinois de France (AJCF) a obtenu son retrait du site. Pour elle, cela « a engendré des amalgames à l’encontre de la communauté d’origine chinoise, et plus généralement des personnes d’origine asiatique. » Face à ces discriminations et cette méfiance, le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus a été créé puis rapidement relayé sur les réseaux sociaux. 

« J’étais assimilée à une actrice porno ou une personne transsexuelle »

Mais la pandémie a mis en lumière un phénomène déjà existant. L’enquête Trajectoires et origines, conduite par l’Ined et l’Insee en 2008, ne prenait pas en compte l’immigration chinoise, très récente. À l’époque, 37 % des immigrés du Sud-Est asiatique (Cambodge, Laos, Vietnam) et 54 % de leurs descendants déclaraient avoir déjà vécu une situation raciste au cours de leur vie. Or depuis plus de dix ans, ce type de racisme s’est aggravé. Léa* est d’origine thaïlandaise. À l’école, les stigmatisations et discriminations sont chose courante. « J’étais assimilée à une actrice porno ou une personne transsexuelle à cause de mes origines. » Même dans le regard, Léa se sentait constamment jugée. « C’est arrivé souvent que je sois mal regardée, qu’un professeur change de comportement avec moi », explique-t-elle. 

Des clichés nés de l’époque coloniale 

Le racisme anti-asiatique est né d’abord avec la colonisation. Une explication donnée par le Réseau Canopé, un projet de l’Etat, pour ces violences et discriminations. « C’est avec cette colonisation que se forgent les stéréotypes du Cambodgien et du Laotien, doux mais indolents, du Vietnamien, plus travailleur mais fourbe, du Chinois, vigoureux mais retors. » En fait, le regard colonial a forgé une certaine image de cette communauté : une population soumise, silencieuse, modèle et travailleuse. Des idées reçues, qui ont enfermé les personnes d’origine asiatique dans une case, en sous-estimant les discriminations du quotidien (imitations, moqueries…). Ces agressions devenues quotidiennes ont pris un tour tragique avec l’agression mortelle dont a été victime Zhang Chaolin, simple ouvrier, en août 2016 à Aubervilliers. Les agresseurs voulaient lui dérober son sac, car ils pensaient avoir affaire à un riche commerçant. Une manifestation s’est déroulée en signe de protestation. 

*La personne souhaite rester anonyme. 

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