Coup de sifflet contre l’homophobie
Coup de sifflet contre l’homophobie

Coup de sifflet contre l’homophobie

Dans le cadre de la journée mondiale contre l’homophobie qui se déroule aujourd’hui, la Ligue de Football Professionnelle a décidé de mener le combat sur les terrains. Des messages prônant tolérance et diversité ont été diffusés au cours des matchs de Ligue 1 et Ligue 2 du week-end.

Le suspense à tous les étages n’aura pas été le seul fait marquant des affiches de football professionnel de samedi et dimanche. Covid oblige, c’est malheureusement sans public dans les stades que la Ligue de Football Professionnelle a réalisé sa plus importante campagne de lutte contre l’homophobie jusqu’ici. Pour la première fois, des flocages arc-en-ciel ont été portés par les joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2. Ces maillots symboliques seront vendus aux enchères après les matchs et les fonds reviendront aux associations partenaires de la LFP : Foot Ensemble, PanamBoyz & Girlz United et SOS Homophobie. Une nouveauté qui n’a toutefois pas empêché plusieurs débordements homophobes sur les réseaux sociaux, illustrant la nécessité du projet.

En plus des flocages, les joueurs se sont réunis autour d’une affiche sur laquelle était inscrit “Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot”. Un slogan qui figure également dans le court métrage réalisé bénévolement par Fabien Onteniente. En fin de vidéo, 32 joueurs professionnels reprennent ces mots pour faire passer le message. Un événement rare puisque l’homosexualité reste un sujet tabou dans le milieu. 

« On ne leur demande pas d’être gay »

La parole est loin d’être libérée au sein de l’élite du football. Premier joueur de France en activité à avoir fait son coming-out, l’amateur Yoann Lemaire a pu en faire l’expérience. Au moment de tourner son documentaire Footballeur et homo, au cœur du Tabou, il s’est heurté à de nombreux refus de joueurs professionnels. « On ne leur demande pas d’être gay, juste de répondre à deux trois questions » soupire-t-il. De nombreuses raisons sont évoquées : sponsors, religion… et une méconnaissance du sujet. « Les joueurs ont aussi peur du sujet parce qu’ils ne le maîtrisent pas, ils ne veulent pas se mouiller. » 

La problématique du folklore

Les joueurs sont pourtant loin d’être les principaux concernés par cette campagne. Malgré quelques polémiques (vocabulaire homophobe, brassard arc-en-ciel retiré à la mi-temps), c’est surtout dans les tribunes que la Ligue de Football veut faire évoluer les mentalités. Une précédente tentative s’était déroulée en août 2019 mais s’était heurtée à la défiance des supporters, dont une partie à tendance à associer l’homophobie au folklore. 

« Le football est souvent une loupe sur les défauts des gens à cause de la compétition », souligne Yoann Lemaire. Selon lui, l’enjeu et l’adrénaline font facilement tomber dans l’insulte. Il donne un exemple relativement fréquent. « Vous pouvez avoir un papa très gentil dans la vie de tous les jours, pas plus homophobe que ça. L’équipe de son fils est menée 2-1 et à ce moment-là il deviendra complètement con. » Grâce à son association Foot Ensemble, il espère faire changer les comportements à ce sujet en sensibilisant les centres de formation. Même si la route est encore longue, son combat gagne de plus en plus de visibilité. « Ce qui m’énervait le plus, c’est qu’il y a 10 ans l’arbitre ne bronchait pas et souriait », se souvient-il. Désormais, à travers des initiatives comme celles de ce weekend, la Ligue compte bien mettre un carton rouge à ces actes. 

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