Un grand écran à petite diversité
Un grand écran à petite diversité

Un grand écran à petite diversité

Selon une étude publiée par l’USC Annenberg, la communauté asiatique serait absente et caricaturée dans les films populaires. Une nouvelle enquête publiée cette année qui relate des problèmes de discrimination dans le monde du cinéma. 

L’attente aura été longue avant la délivrance du 17 mai. Pendant des mois, les cinéphiles ont été privés de salles obscures dans toute la France. Cela n’a donc pas été une surprise de voir des queues se former devant les cinémas une fois la réouverture actée. Toutefois l’enthousiasme généré par les retrouvailles ne doit pas faire basculer les polémiques dans l’ombre. 

Au cours de cette même journée, de l’autre côté de l’Atlantique, l’USC Annenberg publiait une étude indiquant que la communauté asiatique était absente des films populaires (sur un échantillon de 1 300 blockbusters sortis entre 2007 et 2019). Les statistiques parlent d’elles-mêmes : Seulement 22 acteurs ayant joué un rôle principal sont « API », sigle d’Asian and Pacific Islander signifiant de communauté asiatique et des îles Pacifiques. L’acteur le plus vu à l’écran durant cette période (14 fois) est l’ancien catcheur Dwayne Johnson, originaire des îles Samoa. Il représente ainsi un tiers des rôles principaux incarné par un membre de la communauté API.

Violence et stéréotypes

L’absence de représentativité n’a toutefois pas été le seul défaut souligné par l’étude. Lorsqu’un personnage API était présent à l’écran, celui-ci se voyait souvent caricaturé , étant réduit au rôle de personnage silencieux ou complétement isolé. 58% des hommes ne connaissent d’ailleurs aucune trame romantique au fil du film.

La romance n’est pas la seule à être critiquée dans l’étude. Les morts des personnages de la communauté API sont aussi pointées du doigt. Dans un contexte de « montée de violence envers la communauté API » décrit par le Dr. Nancy Wang Yuen, l’une des principales auteures de l’enquête, un quart des personnages API meurent avant la fin dans les cent films les plus populaires de 2019. Autre problématique : « toutes les morts sauf une se font dans des circonstances violentes. ». D’après l’organisation Stop AAPI Hate, 6 603 incidents de haine raciale envers la communauté asiatique ont été recensés entre mars 2020 et 2021 aux ÉtatsUnis.  

Loin du cas isolé

Derrière la caméra, les chiffres ne sont pas plus glorieux. Sur les 1 447 réalisateurs, producteurs et directeurs de casting, seuls 3,5% étaient issus de la communauté asiatique. Pire encore, parmi ce pourcentage, seulement 3 femmes sont à compter.

La discrimination envers la communauté API sur l’écran géant est loin d’avoir été la seule à faire couler de l’encre en 2021. En mars dernier le cabinet McKinsey & Company indiquait que les personnes d’origine afro-américaines étaient encore fortement sous-représentées au cinéma. Elles ne représentaient notamment que 6% de la création entre 2015 et 2019. Du côté des femmes, la situation commence lentement à s’améliorer, même si la route reste encore longue. En début d’année, le Celluloid Ceiling report de l’université de San Diego indiquait 16% des directeurs ayant travaillé sur les 100 films les plus populaires de 2020 étaient des femmes, contre 4% en 2018.

Avec la réouverture des salles désormais actée, une ouverture d’esprit du cinéma est à souhaiter dans les plus brefs délais.  

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