Cette année, les lycées de France ont explosé tous les records. Avec un taux de réussite (après rattrapage) de 97,5% au Baccalauréat, 2020 restera définitivement dans les annales. Mais après l’euphorie des premiers jours, les nouveaux bacheliers prennent du recul et doutent de leurs réelles capacités.
Pas de cris, ni de larmes devant les listes affichées aux différents lycées du pays le 6 juillet dernier. Seulement des élèves heureux, mais pas surpris de leurs résultats. Alors que les épreuves finales avaient été annulées en raison de la crise sanitaire soudaine et sans précédent, les élèves de Terminale comptaient sur leur travail en continu pour décrocher le Graal de chaque étudiant. Anna, 18 ans, a obtenu son BAC Économique et Social Abibac (équivalent du BAC en Allemagne) avec la mention Très Bien. Comme beaucoup de nouveaux bacheliers, elle est victime du Syndrome de l’imposteur et pense ne pas avoir réellement mérité son diplôme : « J’ai clairement le sentiment qu’on m’a « donné » le BAC. Je n’ai passé aucune épreuve, je n’ai pas eu à réviser, ni à stresser comme les élèves des années précédentes ». Cloé, elle, est plutôt fière de ses résultats. Mais son entourage n’a pas vraiment été encourageant. « On a le sentiment d’être dénigrés ou pas méritants quand on écoute les personnes âgées ou ceux qui l’ont passé. Beaucoup de gens ne jurent que par les écrits », explique-t-elle. Des points de vue partagés sur les réseaux sociaux, notamment Twitter.
Un avenir (trop) flou
Mais ce qui inquiète le plus ces étudiants, c’est bien l’avenir. Alors que Cloé doute des répercussions que ce BAC pourrait avoir sur une future recherche d’emploi, Anna craint d’avoir loupé une étape importante pour le reste de sa scolarité. « Je me retrouve d’un seul coup dans le Supérieur. Nous n’avons pas étudié tout le programme et, de base, les études après le BAC, c’est un peu l’inconnu » affirme l’étudiante, avant de rajouter en riant : « Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangée ». Benoît Tock, Vice-Président chargé de la formation de l’Université de Strasbourg, émet lui aussi des réserves sur la rentrée prochaine. « Les nouveaux bacheliers, moins bien formés, auront besoin d’une remise à niveau. Les enseignants de la Fac de Sciences sont assez inquiets quant à leur rentrée et des cours de rattrapage seront pet-être nécessaires » explique-t-il.
Le Syndrome dans le supérieur
Les bacheliers ne sont pas les seuls concernés par ce syndrome de l’imposteur. Jessica, 20 ans, vient d’obtenir son CAP esthétique. Pour elle, c’est comme si son diplôme ne signifiait rien. « J’ai passé mon CAP en candidate libre, explique-t-elle. J’ai juste eu à envoyer mon dossier. C’est mon premier diplôme dans l’esthétique, ça marque un tournant. Mais là, je n’ai pas l’impression de l’avoir mérité ». Ce discours se répétera beaucoup chez les jeunes interviewés. Mais un diplôme est un diplôme. Dans un article paru au journal La Voix Du Nord, Claire Guéville, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire affirmait que «les moyennes des deux premiers trimestres sont le plus souvent inférieures aux notes obtenues à l’examen final». De quoi rassurer les perplexes : ils n’ont rien volé !