Qu’il soit sous forme d’insultes, de menaces ou d’humiliations, le harcèlement en ligne surfe sur les réseaux sociaux. Sur ces plateformes, ce mal né d’internet peut rapidement virer au cauchemar. C’est le cas dans l’affaire Mila, l’adolescente qui avait tenu des propos insultants sur l’islam et qui est depuis harcelée.
Athées, musulmans ou catholiques, âgés d’une vingtaine d’année et sans casier judiciaire : ce sont des jeunes assez lambdas qui ont été auditionnés dans l’enquête sur le harcèlement de Mila. Cette adolescente, ciblée sur les réseaux sociaux après deux vidéos polémiques sur l’islam, en janvier puis à l’automne 2020, avait dénoncé des attaques numériques incessantes. « Je recevais 200 messages de pure haine à la minute », explique-t-elle dans une autre vidéo. Des faux comptes ont été créés à son nom, et son identité et son adresse sont divulguées. Le changement d’établissement scolaire devient obligatoire mais très compliqué puisque, selon elle, « la France entière veut ma peau ».
Deux enquêtes sont ouvertes, dont une pour « menaces de mort, menace de commettre un crime et harcèlement ». Les 13 prévenus, dix hommes et trois femmes, doivent être jugés le 3 juin devant la 10e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.
« Mon tweet, c’est rien franchement »
Cette affaire a révélé le caractère banal de ces attaques, notamment sur Twitter. Le journal Le Monde a détaillé les explications de plusieurs personnes ayant menacé l’adolescente. L’un des prévenus, Meven B., avait posté : « Mettez un coup de machette à cette grosse pute de Mila ». « J’étais exaspéré par ce que je voyais. Pour moi c’était logique de me révolter. Toute forme de discrimination me révolte », se justifie-t-il devant les gendarmes, avant d’expliquer : « Le lendemain de ce commentaire, pour moi, c’était déjà terminé ». Jordan L. avait, lui, suggéré de « mettre un coup à Mila, elle arrêtera de faire chier le monde cette mal baisée. » Face aux enquêteurs, il a affirmé que son tweet ne signifiait rien. Selon lui, « la justice a des choses plus importantes à gérer ». Les deux internautes risquent, comme les onze autres prévenus, deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Comment lutter contre ces insultes et menaces en ligne ?
Selon un sondage de l’Ifop en 2019, les 18-24 ans seraient les plus touchés par ce nouvel harcèlement. 22% d’entre eux auraient déjà été la cible d’attaques répétées ou provenant de multiples personnes concertées entre elles (propagation de rumeurs, critiques systématiques, menaces).
Pour lutter contre ces cyber-attaques, des associations tentent d’éduquer et former les enfants et les professionnels de l’éducation face aux dangers d’internet. Avec son numéro d’écoute 0800 200 000, E-enfance est souvent sollicité pour traiter le cyber-harcèlement. En 2019, les signalements ont permis la suppression de 89% des contenus dangereux sur internet.