Aux Etats-Unis, Joe Biden a nommé Lina Khan commissaire de la Federal Trade Commission, l’autorité américaine du commerce. À 32 ans, cette juriste est farouchement opposée aux pratiques anti-concurrentielles de Google, Apple, Facebook et Amazon.
Personne ne s’attendait à ce que cette critique du pouvoir des géants du numérique soit propulsée, ce mardi 15 juin, à la tête du gendarme américain de la concurrence. Et pourtant, la démocrate Lina Khan a prêté serment en tant que présidente de la Federal Trade Commission. « C’est un immense honneur d’avoir été choisi par le président Biden pour diriger la Commission fédérale du commerce », a déclaré le président Khan. « J’ai hâte de travailler avec mes collègues pour protéger le public contre les abus des entreprises », a-t-elle ajouté. A seulement 32 ans, cette femme devient la plus jeune présidente de l’institution.
Une carrière menée contre les GAFA
Si Joe Bien l’a choisi, ce n’est pas pour rien. Cette professeure de droit à l’université de Columbia (New York) est l’une des figures majeures des opposants aux monopoles de ces géants du numérique, notamment Amazon. En 2017, elle publie un article qui analyse le poids de ces firmes. Elle prône également un changement de la politique des Etats-Unis, jugée trop conciliante avec les « Big Five », au nom du bien-être du consommateur.
Au cours de ses nombreux postes, elle marque le droit de la concurrence avec des opinions très tranchées. Récemment, elle a été l’une des conseillères juridiques lors d’une enquête sur les plateformes en ligne et la concurrence par le sous-comité de la Chambre antitrust. Lina Khan a aussi été directrice juridique du cercle de réflexion Open Markets (qui milite contre les monopoles).
Une alliée pour Joe Bien
Cette décision s’inscrit dans le programme commandé par le président Biden, qui vise à réguler et légiférer le système de concurrence de ces géants du numérique. Une nomination qui devrait plaire outre-Atlantique, où le sujet est épineux. Emmanuel Macron a d’ailleurs jugé légitime la question du démantèlement des GAFA, ce mercredi 16 juin, lors du salon VivaTech à Paris.
Aurélie Luttrin est présidente de Nomolex Performance, une société qui accompagne les territoires dans la construction de leur souveraineté numérique. Pour elle, « nous ne sommes pas condamnés à être dépendants. L’Union Européenne essaie de reprendre son pouvoir en se construisant sa propre souveraineté numérique. Il faut maîtriser pour ne dépendre de personne. Sans souveraineté, pas de cyber-sécurité. » Au sein de l’Europe, certains se disent confiants pour la régulation de ces géants, comme le haut-fonctionnaire européen Domenico Rossetti. « On voit que la tendance change puisque Joe Biden a nommé une anti-GAFA : la dépendance n’est pas une fatalité ».