Avocate de renom et militante féministe, elle a défendu tout au long de sa carrière le droit des femmes. Elle est d’ailleurs en grande partie responsable du passage de la loi Veil, loi pour légaliser l’avortement, promulguée le 17 janvier 1975 et reconduite sans limite de temps le 31 décembre 1979.
Décédée ce mardi 28 juillet 2020 à Paris, le lendemain de ses 93 ans, Gisèle Halimi emporte avec elle toute une vie de dur combat féministe. Née à la Goulette en Tunisie française, Gisèle Halimi se bat dès son plus jeune âge contre la domination de sa famille, de sa religion juive mais surtout des hommes. « A 12 ans j’ai fait une grève de la faim parce que les filles devaient servir les garçons » avait-elle dit dans une interview en 2005 pour la revue Travail, genre et société. Elle quitte très tôt la Tunisie et se réfugie dans la capitale de France en 1945 où elle étudie le droit pour devenir avocate.
Une femme engagée dans ce combat d’inégalité des sexes.
Gisèle Halimi continu de se battre en France contre l’oppression faites aux femmes et milite aux côtés de celle à qui l’on reproche l’avortement. Un choix considéré comme un crime en 1945 et qui est puni par la loi. Des circonstances invivables pour les femmes accusées d’avoir avorté, avec des sanctions telles que des travaux forcés à perpétuité, jusqu’à la peine de mort, encore légale jusque 1981. Le 5 avril 1971, la pétition « Manifeste des 343 » paraît dans le magazine Le Nouvel Observateur . Une pétition signée par 343 femmes qui avait eu recours à l’avortement et qui manifestaient pour leur droit d’avorter malgré l’interdiction pénal et pour le libre accès aux moyens contraceptifs. Malgré le risque énorme des sanctions déontologiques du Barreau qui pèsent sur elle, l’avocate militante signe cette pétition et met en avant son engagement dans le combat qu’elle mènera toute sa vie.
Son plus gros procès : Marie-Claire Chevalier.
Son procès le plus connu est celui de sa cliente, Marie-Claire Chevalier de 16 ans à Bobigny. La jeune adolescente est accusée d’avoir avorté suite à un viol. Gisèle Halimi défend corps et âme sa cliente, mais aussi quatre femmes, dont la mère de cette dernière, qui l’ont aidé à avorté. Fait marquant, l’avocate refuse devant la Cour de demander pardon au nom de sa cliente pour son acte. Elle fait du procès une tribune contre la loi liberticide de 1920 sur l’avortement. Ce procès représente, encore aujourd’hui, une étape cruciale pour la légalisation de l’avortement par la loi Veil en 1975. Suite à ce procès, Gisèle Halimi devient fondatrice en 1971 aux côté de Simone de Beauvoir et de Jean Rostand, de l’association « Choisir la cause des femmes », qui milite en faveur de l’avortement.
Une femme, deux combats.
Gisèle Halimi est aussi une grande militante anticolonialiste. Elle désire l’indépendance de son pays natale. Dès 1960 , elle devient l’avocate de Djamila Boupacha, militante du FLN, Front de Libération Nationale, torturée et violée par des soldats français en détention. L’avocate est reconnue comme une figure iconique de la Révolution Algérienne et une grande figure tuniso-française de la cause féminine, des droits humains et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tunisiens et Algériens saluent cette militante anticolonialiste, qui fait la fierté de la Tunisie.