Chaque année, Jeanne d’Arc, figure héroïque, n’échappe pas à la récupération politique et aux polémiques qui l’accompagnent. Mais cette fois-ci, le débat a pris une autre ampleur. À Orléans, ville où sont célébrées les Fêtes johanniques, des élus de l’opposition ont boycotté la cérémonie. France 3 a également renoncé à diffuser un documentaire sur son histoire.
Tout part de l’annulation de la diffusion d’un documentaire par France 3 Centre-Val de Loire. Commandé et financé par la ville d’Orléans à hauteur de 25 000 euros, ce film sur Jeanne d’Arc, tourné lors des commémorations du 1er mai, devait être diffusé le 8 mai sur la chaine. Une manière de combler l’absence de défilé en raison de la crise sanitaire. Mais finalement, le documentaire ne sera pas diffusé. Une annulation qui a fait couler beaucoup d’encre.
Le documentaire devait également être commenté par Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs Actuelles (hebdomadaire de référence de la droite identitaire). Alors, pourquoi un tel revirement ? Le directeur de la chaîne a assuré sur les réseaux sociaux qu’à « l’approche des élections régionales et départementales, il n’était pas question d’avoir un documentaire trop politisé sur notre antenne de service public ». Une décision que conteste le maire Les Républicains de la ville, Serge Grouard. Cependant, pour France 3, « aucun engagement n’avait été signé sur la diffusion ». Les élus de l’opposition municipale, de gauche comme de droite, n’ont pas tardé à faire entendre leur mécontentement. Ils ont décidé de boycotter le tournage du documentaire, qu’ils estiment trop politisé et « instrumentalisé ». Le maire a annoncé que le film serait quand même publié sur le site de la ville d’Orléans le 8 mai.
L’héroïne de guerre devenue symbole du Front National
Figure historique, elle est pourtant beaucoup reprise dans les discours politiques. Véritable cheffe de guerre lors de la guerre de Cent Ans et sainte de l’Eglise Catholique, Jeanne d’Arc est devenue un symbole tout trouvé pour le Front National. Et Marine Le Pen l’a encore démontré cette année, en allant déposer une gerbe de fleurs devant sa statue, place des Pyramides, à Paris lors de la journée du 1er mai. Depuis les années 1920-1930, l’extrême droite française utilise cette date pour se réunir. Et c’est finalement en 1988, par le biais de Jean-Marie Le Pen, que le 1er mai devient réellement une journée de mobilisation pour le parti.
Depuis, l’utilisation de l’héroïne originaire de Domrémy-La-Pucelle, dans les Vosges, se réactualise chaque année. Le parti tire profit des deux côtés de Jeanne : l’un, symbole de la défense du pays contre l’envahisseur étranger et l’autre, représentant l’attachement au peuple. Une manière pour le Rassemblement National de se positionner sur l’échiquier politique.
Une manifestation aux allures de campagne
Au delà de la commémoration, Marine Le Pen a préparé le terrain. Après s’être rendue devant la statue de Jeanne d’Arc, elle a présidé un meeting numérique pour annoncer le lancement de la campagne du RN aux élections régionales. Au programme, des propositions pour la jeunesse « qui a payé un prix très lourd cette année du fait des restrictions sanitaires », comme l’a estimé la présidente du parti. Selon plusieurs sondages, le RN est devenu le premier parti des 25-34 ans.