Le bouleversement de plusieurs normes sociétales, causé par la crise sanitaire, n’aura pas empêché les inégalités. Selon plusieurs études, les mesures contre le Covid-19 ont largement désavantagé les femmes.
Face à la crise sanitaire, des efforts considérables ont été demandés à l’entièreté de la population. Mais même au cours de cet élan de solidarité généralisé, certains – et surtout certaines – ont été contraints de réaliser des sacrifices plus importants que d’autres.
L’année passée aura été éreintantes pour les femmes. En plus des conséquences psychologiques qu’a pu avoir la pandémie, elles auront aussi été victimes de la nouvelle organisation du travail. 77 % du personnel du NHS, l’organisme de santé britannique, sont des femmes. Plusieurs auront ainsi pris la décision de ne plus vivre avec leur foyer au plus fort de la crise pour éviter la transmission du virus. Mais la surcharge professionnelle ne s’est pas limitée au domaine médical.
Télétravail et tâches ménagères
D’après une étude publiée par la London School of Economics le 3 mai dernier, le genre n’aurait pas été suffisamment pris en compte au cours des réunions de crise outre-manche sur la situation sanitaire (73 d’entre-elles ont été analysées). Cette même étude appelle ainsi à avoir un conseiller en genre au cours de ces sommets. Au cours des différents confinements, les femmes se sont ainsi retrouvées dans l’obligation de porter plusieurs casquettes. En plus du télétravail, elles auront été nombreuses à s’occuper de la vie quotidienne du domicile, à savoir la cuisine, le ménage ou encore la vaisselle. Toujours selon la London School of Economics, le fait que ces tâches ménagères soient réalisées par les femmes s’explique par les normes instaurées dans la société et les inégalités salariales. Le père est ainsi toujours perçu comme la personne devant obtenir les moyens du foyer.
En France, certaines sont tout de même parvenues à trouver un certain équilibre dans les tâches ménagères. « Mon conjoint était à 80% en chômage partiel et moi à plein temps. J’ai donc eu cette chance de pouvoir compter sur lui », relate Marine, mère de deux enfants âgés de 5 mois et 11 ans. Malgré le travail partagé, la surcharge a quand même été ressentie : « Nous ne sommes pas professeurs et je pense que pour une grande partie d’entre nous, il est plus compliqué d’être patients avec ses propres enfants pour assurer les cours. Cela prend donc beaucoup de temps », explique-t-elle. Sans compter en plus les repas, qui ont tendance à « arriver très vite ».
Victimes de la pandémie
Une importante dose de travail supplémentaire n’aura toutefois pas été le seul risque encouru par les femmes. Selon une analyse du Guardian parue le 4 mai dernier, les femmes au Royaume-Uni sont plus susceptibles d’être licenciées. Les chiffres sont bien plus élevés qu’au cours des dernières périodes de récession. Par rapport à 2007, 76 % de plus ont perdu leur emploi. Ces statistiques sont expliquées par le fait que les femmes sont plus nombreuses à travailler dans les secteurs les plus touchés par le coronavirus.
Le monde du travail n’aura pas été le seul à représenter un risque important. La London School of Economics le souligne, les cas de violences domestiques ont fortement augmenté au cours de la dernière année. Si la disparation du Covid-19 est espérée pour le monde d’après, il ne faudra pas oublier de rapidement se pencher sur les inégalités.