Le 10 mai 2001, le Parlement français adoptait une loi reconnaissant « la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité ». Vingt ans plus tard, des débats persistent autour de l’histoire esclavagiste et ses conséquences, avec notamment la question de la réhabilitation des victimes. Retour sur cette loi et ses répercussions.
C’est l’une des plus grandes lois mémorielles françaises. La loi Taubira, du nom de la députée à l’initiative de cette loi) à l’Assemblée, Christiane Taubira. En 2006, Jacques Chirac décrète que la date du 10 mai sera la date officielle de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Cette date symbolique fait référence à l’adoption par le Sénat du texte définitif de la loi Taubira le 10 mai 2001. La France devient donc le premier et seul pays à décréter la traite négrière et l’esclavage comme « crime contre l’humanité ».
Du 27 avril au 10 juin, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) organise le « Mois des mémoires ». L’objectif est d’informer, éduquer et commémorer. « Nos ancêtres furent des victimes, honorons-les, inclinons-nous, mais nos ancêtres furent aussi celles et ceux qui ont fécondé le monde contemporain », a déclaré Christiane Taubira, lors d’un discours prononcé le 25 novembre 2018 et retranscrit par la FME.
Les débats au cœur de cette commémoration
Cette année marquait à la fois l’anniversaire de la loi Taubira, mais aussi le bicentenaire de Napoléon. Un calendrier pas vraiment anodin puisque l’empereur français a notamment rétabli l’esclavage. Le 5 mai dernier, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a rendu hommage à Bonaparte. Cinq jours plus tard, il s’est rendu au jardin du Luxembourg pour la journée nationale des mémoires de l’esclavage. L’enchainement de commémorations a suscité de vives critiques, notamment de la part de l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira.
Autre débat souvent ramené dans les discussions : les réparations. Une base de données réalisée par des chercheurs du CNRS dans le cadre du projet « Repairs » a été publiée le 7 mai dernier. Elle répertorie tous les propriétaires d’esclaves ayant touché des indemnités au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848. L’étude révèle que les colons ont accepté de quitter leurs terres en Haïti par exemple en échange d’une indemnité. Selon le CNRS, les 250 000 esclaves que comptait l’Empire colonial à la veille du décret d’abolition n’ont absolument rien touché.
« L’esclavage n’est pas un vestige du passé »
Si l’esclavage a été aboli en France en 1848, le reste du monde reste fortement impacté par ce crime. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), plus de 40 millions de personnes sont victimes du travail forcé à travers le monde. Traite d’êtres humains, exploitation sexuelle, travail des enfants, mariages forcés et recrutement forcé d’enfants dans les conflits armés : l’esclavage moderne a plusieurs visages. L’ONU affirme également qu’une victime sur quatre est un enfant.
En France, le travail de mémoire et d’éducation continue, notamment à travers des institutions comme le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE).